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jeudi 26 décembre 2024
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On the Necessity of Gardening : l’abécédaire du jardin au design entre l’encyclopédie et le scrapbook

Publié aux éditions valiz sous la direction de la conservatrice danoise Laurie Cluitmans, le livre “On the Necessity of Gardening. An ABC of Art, Botany and Cultivation” est un abécédaire portant sur la notion de jardinage. Déconstruction de la séparation entre nature et culture, écologie queer, climat, écofascisme… l’ouvrage appelle à de nouvelles prises de conscience. Le design éditorial réalisé par le graphiste Bart de Baets croise différentes inspirations. À mi chemin entre un dictionnaire, une encyclopédie et un scrapbook fait-maison, “On the Necessity of Gardening” mêle points de vue d’artistes, d’écrivain·es et de penseurs·euses travaillant sur la notion de jardin.

Le jardin, comme zone de recombinaison entre nature et culture

“On the Necessity of Gardening” retrace, au fil des entrées à la fois textuelles et visuelles, l’histoire du jardin comme lieu de rencontre et de recombinaison entre nature et culture. Reflet du paradis dans l’art médiéval, symbole du pouvoir au XVIIIe siècle, invitation à repenser notre implication au sein d’un écosystème à l’ère de l’anthropocène… le jardin se décline au fil de ses différentes représentations. Le florilège d’essais et de notices qui composent cet abécédaire explore ainsi des concepts telles que la botanomanie, l’écoféminisme, l’écologie queer ou encore la guérilla jardinière. À cela s’ajoute un travail d’iconographie : peintures de Georgia O’Keeffe, photographies de fleurs d’Elspeth Diederix and Stigter Van Doesburg, dessins botaniques du XVIIIe siècle ou encore peintures pré-raphaéliques… Le jardin se déploie au fil des lettres. 

L’ouvrage fait écho à l’exposition “The botanical revolution” qui se déroule au Centraal Museum d’Utrecht du 11 septembre 2021 au 9 janvier 2022. Publication néanmoins autonome, elle est nourrie des recherches de la conservatrice de la structure, Laurie Cluitmans. 

Un design éditorial à mi-chemin entre l’encyclopédie et le scrapbook

Le design éditorial de l’ouvrage a été réalisé par le graphiste Bart de Baets. “Je voulais que les pages de texte de ce livre ressemblent à un mélange de pages de dictionnaires, d’encyclopédies et de scrapbooks faits maison.” précise-t-il. Il s’inspire notamment du design artisanal de “Animal Books For Jaap Zeno Anna Julian Luca”, livre que Lous Martens a créé en pensant à ses petit-enfants. Tout en imaginant une mise en page classique et dense propre à un abécédaire, Bart de Baets joue avec les éléments. “Cette façon intuitive de jouer avec le contenu correspond à la nature de ce dernier. Il doit y avoir de l’espace pour les exceptions, les erreurs, les notes supplémentaires. En ce sens, le livre épouse davantage l’identité d’un scrapbook que celle d’un livre lourd ou encore d’une encyclopédie. Les lettres découpées s’inscrivent dans ce concept de scrapbooking et tentent d’insuffler la présence d’un artisan.” ajoute le graphiste. Quant à la couverture florale réalisée, elle résonne avec le travail de l’artiste Richard Hawkins. 

Entre inspirations organiques et graphiques

Le graphiste, aussi enseignant au département de design graphique de l’académie Gerrit Rietveld à Amsterdam, étudie avec ses étudiant·es le symbole de la fleur, des recherches entrées en convergence avec la réalisation du design éditorial de l’ouvrage “On the Necessity of Gardening”. Les papiers découpés d’Henri Matisse, les créations de mode de Raf Simons, ou encore les travaux de Willem de Rooij, Derek Jarman, Lily van der Stokker, William Morris et Maria Sybilla Merian, tous cités dans l’ouvrage, sont discutés. Bart de Baets s’inspire aussi du mouvement artistique éphémère “Motif et décoration” qui s’est déployé aux États-Unis du milieu des années soixante-dix au début des années quatre-vingt. Il a donné naissance à de nombreuses peintures décoratives aux couleurs vives, des pièces murales et textiles, mais aussi à des installations. Ce mouvement est connecté à l’art féministe et se positionne en opposition à l’art conceptuel. “L’utilisation de fleurs et d’ornements est devenue plus qu’une simple présence frivole, mais plutôt une révolte sympathique contre un monde de l’art dominé par les hommes” explique Bart de Baets. Une manière de mieux saisir l’ampleur des liens entre la botanique et le graphisme…

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Isaline Dupond Jacquemart

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