Designer, architecte et artiste italienne, Nanda Vigo développe tout au long de sa vie une approche transversale de l’art, de l’espace et de l’objet. Née en 1936 et disparue en 2020,elle mêle le verre, l’aluminium, le miroir ou encore les néons dans ses création expérimentales interrogeant l’espace-temps. Le musée des arts décoratifs et du design de Bordeaux organise sa première monographie, un hommage à découvrir jusqu’au 7 janvier 2023.
Nanda Vigo, au-delà des étiquettes
Née en 1936, disparue en 2020 et originaire de Milan, Nanda Vigo se forme à l’École Polytechnique de Lausanne. Elle adopte une approche transversale des arts, de l’architecture et du design. Partie prenante des avant-gardes, elle crée des objets, meubles et environnements faisant se rencontrer matière et lumière. “J’ai cherché la dématérialisation de l’objet à travers la création de fausses perspectives, de telle sorte que l’espace autour de la personne qui regarde s’identifie à l’objet lui-même” précise-t-elle en 2006. Elle collabore notamment avec l’artiste Lucio Fontana à partir de 1959, mais aussi avec Piero Manzoni et Enrico Castellani. Nanda Vigo participe à de nombreuses expositions en Europe du mouvement ZERO, regroupement international d’artistes engagé·es pour un renouveau artistique, fondé dans les années soixante. Le musée des arts décoratifs et du design de Bordeaux organise la première exposition monographique portant sur Nanda Vigo, hommage à cette artiste animée par l’expérimentation.
Une scénographie entre espace et lumière
L’exposition “Nanda Vigo, l’espace intérieur” prend place dans l’ancienne prison municipale bordelaise, dédiée aux expositions temporaires de design du Musée des arts décoratifs et du design de Bordeaux. Dans cet espace atypique, composé de deux cours fermées et de treize anciennes cellules, se déploient les différents environnements créés par Nanda Vigo, ainsi que des séries d’objets iconiques. Immersive, la scénographie conçue par Bérangère Bussioz, designer diplômée de l’ECAL, complétée par la mise en lumière réalisée par Serge Damon, fait dialoguer l’espace muséal avec ceux créés par l’artiste. Les cours et le couloir sont dédiés à des installations dans lesquelles les visiteurs et visiteuses déambulent, tandis que les cellules présentent inspirations de l’artiste, collaborations et intérieurs qu’elle a conçus en tant qu’architecte d’intérieur.
Objets emblématiques, intérieurs et environnements
Dans la première cour intérieure, plongée dans le noir, se trouvent les installations “Cronotopo” et “Cronotopico” de Nanda Vigo, entre le module, la boîte et la sculpture. Celles-ci sont faites de panneaux de verre superposés et éclairés et interrogent la notion d’espace-temps. Une lumière rouge imprègne le couloir séparant ce premier espace du second. L’installation spatiale “Ambiente spaziale : « Utopie »”, pensée par l’artiste et Lucio Fontana, est d’abord montrée à l’exposition Tempo Libero de la Triennale de Milan en 1964 et marque l’apogée de leur collaboration. Dans la seconde cour, se déploie la création “Trigger of the space”, sculptures pyramidales lumineuses aux reflets pensés pour interagir avec l’espace. De cellule en cellule, le visiteur et la visiteuse découvrent non seulement des documents d’archives autour du mouvement ZERO, mais aussi une sélection d’objets et de meubles iconiques de la designer, comme la lampe Iceberg, la chaise Due Più, ou encore le pouf Blocco. L’exposition “Nanda Vigo, l’espace intérieur” invite ainsi le visiteur et la visiteuse dans un espace alternatif dans lequel leurs perceptions sont troublées, fidèle à la démarche de l’artiste aux multiples facettes.