Labellisée par France Design Week, l’exposition “Les Formes du Design” interroge la capacité transformatrice du design. Portée par l’école de design isdaT, l’atelier de fabrication partagée RoseLab et l’association de designers Design Occitanie, elle valorise un design local, circulaire et durable. Alors que le désastre écologique est partie prenante de notre quotidien, comment les designers peuvent-ils repenser signes, espaces, objets et écosystèmes afin de façonner autrement nos empreintes ?
Penser la capacité transformatrice du design
À rebours d’une conception du design comme productiviste, l’exposition “Les Formes du Design” plonge ses visiteurs et visiteuses au cœur des enjeux du design durable et innovant. Notamment portée par l’isdaT — institut supérieur des arts et du design de Toulouse, elle rassemble les travaux de designers, de makers et d’étudiant·es de l’école. Alors que le réchauffement climatique s’impose comme élément de notre quotidien, comment le designer peut-il permettre à des projets, objets, signes et espaces d’être vecteurs de changements concrets ? Quelles interrelations se déploient entre les éléments vivants et non vivants ? Et comment l’enseignement du design en école peut-il faire de ces enjeux un axe majeur d’apprentissage ? “Les Formes du Design” présente ainsi des projets s’inscrivant dans cette démarche et soutenus par l’isdaT, l’atelier de fabrication partagée RoseLab et l’association de designers Design Occitanie. Ils questionnent les changements d’échelle, promouvant l’articulation de systèmes locaux et les outils partagés comme l’open-source. Certaines conceptions exposées s’appuient notamment sur les travaux théoriques de Pierre-Damien Huyghe, philosophe, de Yann-Philippe Tastevin, anthropologue des techniques, ainsi que de Victor Petit, philosophe des techniques.
Des changements d’échelle…
Une première partie de l’exposition est consacrée au développement d’un lieu commun de cuisine et de restauration dans l’isdaT, pensé comme un écosystème organique. Il fait appel à un scénario de fonctionnement reliant des acteurs locaux, comme les producteurs, les fournisseurs, et des lieux tels que le marché, les exploitations agricoles et l’école en elle-même. Cette proposition de cartographie de l’écosystème d’une cantine soutenable est concrétisée par la création d’un aménagement de cuisine. Celui-ci mobilise des rangements flexibles et modulaires combinant éléments semi-finis issus de la production industrielle et issus de filières de réemploi.
Est aussi donnée à voir une bibliothèque composée de mobiliers combinables et ré-appropriables conçus à partir de standards ouverts. Les objets créés peuvent être transformés et non jetés, en cas de changement. Des modèles de tabourets, tables ou encore de rideaux sont partagés en ligne. À l’échelle locale de production du mobilier, répond ainsi une création d’outils communs : les plans en libre accès sont paramétrables afin de convenir à différents contextes et usages. La hauteur de l’assiette ou la proportion des moules pour briques peuvent ainsi être modifiées.
… aux outils partagés
Une troisième partie de l’exposition s’attache à présenter Relief SingleLine. Cette police de caractères sans empattements est pensée pour des environnements de gravure CNC, de Commande Numérique par Ordinateur, notamment utilisés au sein de fablabs. Les lettres sont dessinées par des lasers, fraiseuses ou encore des traceurs. La typographie Relief SingleLine conçue par les étudiant·es de l’option Design Graphique de l’isdaT est filaire. Elle permet une gravure de chaque lettre composée d’une seule ligne. À l’inverse, pour les polices doubles lignes, c’est le contour des lettres qui est gravé, ce qui suppose de tracer deux lignes et induit une perte de temps d’usinage et d’énergie. Le caractère créé dispose de fonctions OpenType, variantes de signes et d’un système modulaire ornemental. Elle est disponible sur Adobe Fonts et la plateforme Github, en libre accès.