Diplômée de l’Institut Français de la Mode, anciennement École de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, Domitille Basso rejoint la maison Saint Laurent avant de se diriger vers le design floral. Elle fonde en 2021 Thyrse, un studio floral, après une reprise d’études à l’École des fleuristes de Paris. Inspirée par la broderie, la dentelle, le travail du textile et de la composition des formes des couleurs, elle réalise des natures mortes pour des campagnes de mode et des installations végétales en collaboration avec des artistes et photographes.
De la mode au design floral
Avant de se tourner vers le design floral, Domitille Basso est formée à la mode à l’École de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne. Elle travaille sept années chez Saint Laurent où elle dessine les broderies et dentelles des collections homme et femme. Elle crée en 2021 Thyrse, un studio de design floral, après une formation à l’École des fleuristes de Paris. Le nom de son studio fait référence à l’attribut du dieu Bacchus. Dans la mythologie latine, le thyrse est un bâton entouré de pampres et de lierres, et terminé par une pomme de pin ou des feuilles de vigne. En botanique, le thyrse désigne aussi une inflorescence pyramidale en grappe composée. “Les fleurs faisaient déjà partie de mon univers, motifs récurrents de dentelles et de broderies. Je retrouve dans le design floral l’attention aux couleurs, aux matières, à la transparence, au toucher, déjà présent dans le travail du textile” affirme Domitille Basso. L’enjeu de la composition est autant important dans le design de mode que dans celui floral : du dessin d’un motif équilibré à l’arrangement harmonieux de végétaux, pour un bouquet ou une installation.
Bouquet de travaux de commande
La designer florale, dont l’atelier est installé au Consulat Voltaire, réalise des natures mortes ou des décors pour des campagnes publicitaires ou des shootings de mode. Elle crée pour Vogue Italie un parterre végétal sur lequel pose la mannequin Vittoria Cerreti photographiée par Rafael Pavarotti. Pour le clip de la gamme de parfums Aqua Allegoria de Guerlain, réalisé par Yann Arthus-Bertrand, Domitille Basso imagine une barque de fleurs onirique. “Je reçois d’abord un moodboard, des premières intentions. Puis, je sélectionne en fonction des espèces de fleurs que je vais chercher au marché de Rungis” précise-t-elle. La designer florale compose aussi des installations pour des tables de chefs. Enfin, elle travaille aussi en collaboration avec des artistes et photographes. Ses compositions florales colorées, dans lesquelles elle n’hésite pas à hybrider différentes espèces par la découpe et la combinaison, se déploient sous les lumières et l’objectif de Baptiste Olivier ou encore de Quentin Lacombe. “J’aime les fleurs farfelues. Les alliums sont explosifs. L’asparagus est délicat et vaporeux : il possède un aspect dentelle. La fragilité de la rose de jardin me captive. J’apprécie particulièrement les végétaux dont l’esthétique évolue avec le temps, reflétant la vie de son début à sa fin : ils incarnent une certaine fragilité” affirme-t-elle. Avec la photographe Diane Hymans, elle sublime les bijoux de la marque Tétier dans des images où se rencontrent bagues, broches en inflorescence et pétales, boutons et coroles, ne se distinguant plus les uns des autres. Pour l’artiste Amélie Bigard, exposée en mars dernier au Consulat, elle imagine un décor floral entrant en dialogue avec son installation “Ghostown”, explorant lieux, temps et communautés dans les interstices du réel. “Dans mon travail, je crée des paysages à plusieurs échelles, les décors relèvent du macroscopique, tandis que les compositions photographiques, du microscopique” précise Domitille Basso.
L’attention aux couleurs et à la composition
Dans son travail personnel qu’elle continue de développer, Domitille Basso s’intéresse à la notion de génie du lieu. Dans la mythologie romaine, le genius loci est l’esprit protecteur du lieu, des êtres surnaturels habitant à la fois les espaces et les individus. Pour son exposition personnelle au Consulat “Le Ciel à la racine” qui s’est déroulée de septembre à octobre dernier, elle habite les locaux de ses installations florales et crée tel un jardin magique en hauteur. Elle développe actuellement des textiles végétaux, mêlant fils à broder et plantes. “Je travaille avec les restes de mes bouquets, dont j’aime réintégrer les chutes à mes créations textiles. Je pense le végétal comme une matière” ajoute-t-elle. Pour ses compositions, elle porte un intérêt spécifique aux couleurs vives, se répondant, et ose ajouter paillettes et éclats métallisés. “J’aime pouvoir manipuler différents éléments de mes mains, comme des pétales et faire le pont, avec mes compositions, entre deux mondes : celui des producteurs et revendeurs de fleurs et l’univers du luxe et de la mode” conclut-elle.