Chercheur en littérature au CNRS, Alexandre Gefen publie avec Guillemette Crozet, datadesigner et infographe, l’ouvrage “La littérature, une infographie” aux éditions CNRS. Du nombre de mots moyen par phrase chez Proust, aux écrivain·es les plus suivi·es sur les réseaux sociaux, en passant par le nombre total de personnages de différents romans, voici quelques-unes des informations présentées par la panoplie de graphiques de l’ouvrage. La diffusion croissante du champ des humanités numériques incite ainsi à penser l’image comme un media d’information à part entière.
Nouveau-né des éditions CNRS, l’ouvrage “La littérature, une infographie” invite à embrasser du regard les belles lettres sous l’angle des statistiques et de l’image didactique. Quel a été le trajet géographique de la diffusion du mythe de Tristan et Iseult en Europe ? Quelles éditions ont le plus d’ouvrages primés ? Quels romans contiennent le plus de mots ? Le chercheur en littérature Alexandre Gefen et l’infographiste Guillemette Crozet présentent dans cet ouvrage une variété de visuels informatifs dans le domaine des lettres. L’image didactique, de plus en plus plébiscitée, s’inscrit dans une démarche d’élaboration des connaissances et de leur diffusion, ainsi que dans leur apprentissage (cf. étapes: 266, Caroline Bouige). Divisé en plusieurs sections, comme “l’histoire de la littérature”, “les genres littéraires”, “les auteurs et autrices”, “les œuvres”, “l’imaginaire” ou encore les “lecteurs et lectrices”, l’ouvrage d’une centaine de pages fait la part belle à la datavisualisation.
Loin d’être exhaustif et n’étant pas présenté comme tel, “La littérature, une infographie” de par son aspect ludique incite ainsi à explorer différents types de connaissances, relevant des industries culturelles, ou encore de la statistique textuelle. La publication se nourrit de recherches universitaires et entreprises, souvent bénévoles, de création de savoirs. Le champ des humanités numériques, au croisement de l’informatique, des arts, des lettres et des sciences humaines et sociales rencontre ainsi le graphisme. L’on apprend ainsi que l’œuvre traduite en le plus de langues en Europe est Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, que l’Inde est le pays dans lequel le temps de lecture par semaine et par personne est le plus élevé – 10h42 -, ou encore que le nombre moyen de mots par phrase dans l’œuvre de Victor Hugo est de 17. “Par-delà sa dimension ludique et divertissante, le traitement infographique de la littérature est plus qu’une simple illustration facultative et décorative : il donne accès à un type de connaissance particulier. L’inflexion d’un graphique, la physionomie d’une courbe, l’itinéraire d’un voyage, et plus encore une représentation inattendue demandant elle-même un décryptage, permettent de confirmer ou d’infirmer nos hypothèses intuitives et de réfléchir à nouveaux frais sur la nature même du fait littéraire, d’interroger sa spécificité comme sa valeur d’exemple” est-il pertinemment précisé dans l’introduction de l’ouvrage.