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lundi 30 décembre 2024
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Les 5 tendances du design graphique pour 2024 selon CANVA

Le point commun entre les années 80, les zootropes, Dali et les eBoy ? Coup d’oeil sur tendances du design graphique en 2024

Certains mouvements artistiques sont le prélude de courants de design graphique. En quelque sorte, leurs terrains de jeu. Pour reprendre les mots du chimiste Antoine Lavoisier quant à la matière, il est possible d’affirmer dans le domaine du design graphique et de l’art dont il s’inspire que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »

Les 5 tendances du design graphique pour 2024, selon la plateforme CANVA, sont directement liées à des mouvements artistiques. Nous vous les présentons sans plus attendre :

Le Collage en Mouvement ou Motion Collage

Si les ancêtres du collage en mouvement remontent au début du XIXe s. avec les zootropes et les flip books, la grande tendance du design pour 2024, notamment dans les vidéos, est bien le collage en mouvement, ou motion collage. Populaire en raison de sa capacité à attirer l’attention grâce aux changements de vues et du mouvement dans l’image, cette tendance colle avec l’air du temps et son regain de nostalgie en évoquant les collages type album photo ou scrapbook, et son design rappellera pour certains les fanzines.

Côté communication, le motion collage est intéressant notamment pour véhiculer des messages disruptifs, le mouvement permettant de créer une interruption, un questionnement ou encore une rupture avec le reste du contenu. 

Côté art, le design du motion collage nous rappelle les œuvres de Richard Hamilton, comme par exemple My Marilyn (1965), collage de photos de Marilyn Monroe du magazine Town ; ou encore Beatles (2007).

Richard Hamilton<br>Beatles 2007

Le Flux et Forme ou Flow and Form

Ce mouvement est l’association de formes dites « organiques » et de formes géométriques. A la fois simple, expressif et abstrait d’après la plateforme CANVA, ce design s’inspire du « blobing art » ou « blob art », mais aussi de l’esprit épuré et fluide de certaines fresques murales. On retrouve ce type de design dans les couvertures de livre, et une logique algorithmique est à l’œuvre sur certaines plateformes de commerce en ligne. Ainsi, si un.e client.e achète un livre avec telle couverture, il ou elle sera potentiellement intéressé.e par un ouvrage utilisant le même type de design graphique en couverture. Prenons l’exemple de la couverture de Brit Benett « L’autre moitié de soi ». La plateforme Amazon suggère « No home » de Yaa Gyasi et « Reste avec moi » de Ayobami Adébayo, couvertures usant tout deux du design flux & forme. Si vous avez lu « Des hommes sans femmes » d’Haruki Murakami, alors vous aimerez peut-être « Ecolière suivi de la Boîte de Pandore » de l’auteur japonais Osamu Dazai.

Côté communication, le minimalisme associé à ce type de graphisme est intéressant car il permet de renforcer un slogan ou un message en projetant un design évocateur en raison de ses formes. Les formes en disent parfois plus long que les mots. 

Coté art, le Flux et Forme nous rappelle les œuvres de l’artiste chinoise Ying Jingjing et notamment sa collection de tableaux de « Blobs ».

Le surréalisme (ou surrealism)

2024 sera marquée par des design graphiques inspirés du mouvement artistique du surréalisme. Dans son ouvrage désormais centenaire « Manifeste du surréalisme », l’un des pionniers, André Breton, évoquait le mouvement en parlant « d’exploration de l’inconscient ». C’est bien parce que le surréalisme a pour vocation de libérer la raison de son contrôle que les designs d’inspiration surréalistes sont truffés de symboles. Certains rappelleront non sans pertinence que le surréalisme a déjà envahi le design graphique et les campagnes publicitaires. On pense aux visuels de bras ou de jambes mis en scène par la marque de luxe Kenzo, ou encore à la campagne surréaliste de Volkswagen, qui a directement emprunté les œuvres de S. Dali « Persistence of Memory » et R. Magritte « Man »

Le courant artistique a influencé la discipline du marketing, en érigeant le « surrealism marketing » comme nouveau concept.

Côté communication, le surréalisme est très intéressant graphiquement parlant, car il ne connait aucune limite, et ainsi, n’a pas besoin de justification. En quelque sorte, il « retombe toujours sur ses pattes », et c’est donc dans le choix des symboles que tout se joue. C’est ainsi qu’on voit des œuvres d’art être détournées au profit d’un message publicitaire ou d’un slogan. Une nouvelle lecture de l’œuvre peut être faite grâce à ce détournement qui réactualise l’œuvre dans un nouveau contexte. 

Coté art, le design graphique de type surréaliste ne manque d’évoquer les œuvres de l’artiste américain George Condo, aux dessins surnaturels s’inspirant à la fois des fractures de P. Picasso et les symboles oniriques de S. Dali. Par exemple, on pense au Surrealist Landscape (1983) ou au surnaturel Jean Louis Mind (2005).

La pixellisation (ou pixelation)

Ce courant graphique, déjà en vogue depuis plusieurs années et directement inspiré des jeux vidéos 8 bits, a toujours le vent en poupe en 2024 avec une croissance de popularité de 179% selon la plateforme CANVA. Inspirant la nostalgie des années 80, ce courant graphique reprend les codes du graphisme numérique d’il y a 40 ans. Côté communication, on se souvient de la campagne de publicité de 2021 du célèbre fast-food américain McDonald’s, qui a flouté ses produits phares avec des pixels en se contentant d’énoncer « Devinez qui est de retour ». Si la notoriété du géant américain du burger lui permet de se passer de son logo, l’usage du pixel dans les campagnes publicitaires et la communication est attrayant pour beaucoup de sociétés et de produits. En effet, le choix de la pixellisation n’est pas un simple choix d’ordre esthétique, ou graphique. Le pixel porte en lui une époque avec tout ce qu’elle comprend en termes de code, d’état d’esprit, ou encore de façon de vivre. User du pixel dans une campagne, c’est avoir un objectif très clair : resusciter cette période passée des années 80 à 90 pour y associer son produit ou son message, en quelque sorte, se situer dans une continuité graphique dont on reconnait la filiation avec ces années d’émergence du graphisme numérique. Ou au contraire, être en totale rupture avec cette période-là dans un sens critique, voire subversif. Ce n’est pas un choix anodin. 

eBoy

Côté artistique, on ne peut pas parler de « pixel art » sans évoquer le collectif d’artistes eBoy fondé à la fin des années 90, et composé de Kay Vermehr, Steffen Sauerteig et Svend Smital. Très inspiré de la Pop-culture, les œuvres du collectif sont réalisées à partir de pixels et présentent des univers uniquement pixellisés. On mentionnera aussi l’artiste marseillais Cédric Vernay, qui s’est illustré grâce au pointillisme et se définit comme un pixel artiste. Il est très connu pour ses peintures numériques réalisées pixel par pixel manuellement, et permettant de reproduire des photographies. Il pratique également le pixel version papier sous forme de papiers déchirés ou de confettis, qu’il recolle manuellement afin de recréer une œuvre ou un portrait. Dans sa série d’œuvres « Home Digitalis », les peintures à l’huile sont faites de pixels peints à la main.

Le rebranding audacieux ou « bold rebrand »

La plateforme CANVA prévoit des couleurs vives et fluorescentes avec des polices au style arrondi, pour les marques qui seront en quête d’audace, voire de changement générationnel.

Le bold rebrand, ou rebranding audacieux, est très intéressant dans une campagne de communication. C’est un bel exemple où la forme ne se contente plus de servir le fond, mais le dépasse. En quelque sorte, c’est le graphisme qui prend les commandes et va indiquer qu’il y a un changement drastique dans le positionnement de l’entreprise ou de la marque. C’est ce dont les clients ou la communauté de la marque va avoir connaissance en premier, avant que l’on mette des mots sur ce changement. C’est aussi ça, le pouvoir de la communication, de parler un langage graphique qui se passe de mots. Et quand l’intention est comprise par la cible, c’est à ce moment-là que l’on sait que l’on a atteint l’objectif. 

Coté art, c’est dans les codes du style art-déco et du pop-art que le rebranding audacieux va puiser son inspiration. On y retrouve en effet les couleurs vives voire criardes de Andy Warhol, mais aussi l’harmonie des couleurs éclatantes à la David Hockney.

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