Le Marché d’objets graphiques d’étapes : se rapproche à grands pas ! En attendant de pouvoir rencontrer les exposants en chair et en os sur les stands disséminés dans la Cité Fertile de Pantin, étapes : a posé quelques questions à certains d’entre eux. Aujourd’hui, rencontre avec Noa de la marque « Genre ».
AS : Parle nous de la genèse de ton projet artistique ? Comment en es tu arrivé.e là ? Comment as-tu choisi le nom de ton entreprise ?
Noa : Le projet est né pendant mes études de graphisme; j’ai toujours été fasciné par les possibilités infinies que pouvait offrir le monde de l’art. Avec des couleurs et des formes simples, une histoire peut déjà s’écrire. L’illustration poétique est venue assez naturellement.
Je voulais créer un projet qui me ressemble autour du textile, de mes écrits et des illustrations qui en découlaient.
Dans le même temps, je me suis intéressé aux différentes impressions sur textile.
Notamment la sérigraphie, l’impression numérique, le flocage et la broderie, ce qui m’a amené à réfléchir à la marque « Genre ».
Une marque de vêtements unisexe éco-responsable disponible en pré-commande parce que la volonté de la marque est de s’inscrire dans une démarche écologique, afin d’éviter la surproduction de textile. Travailler le vêtement comme un moyen d’expression, une marque d’authenticité que chacun peut s’approprier.
J’essaie d’élaborer un univers enfantin nourri par la beauté des maladresses, des émotions fortes qui peuvent nous traverser et surtout de l’amour. Chaque collection raconte une histoire, elle a son propre thème.
« Genre? » est la volonté d’offrir un vestiaire commun, que la marque soit genderless. On se pose beaucoup de questions par rapport aux codes très genrés qui ont été établis par la société. Dès l’enfance, on a tendance à éduquer les enfants à aimer certaines couleurs, certains jeux qui ont été décidés pour eux, et même parfois imposés. Alors que la mode, c’est pour moi avant tout un moyen d’expression puissant qui reflète la personnalité des gens. C’est un moyen de créer une différence, son propre style, redéfinir ses codes.
C’est le but de la marque, plus qu’une marque à codifier, c’est une ode à l’expression de soi. Pouvoir s’approprier un vêtement avec une illustration, un message qui nous parle, jouer avec les codes et s’en affranchir pour pouvoir vivre avec son style dans une fluidité qui nous appartient.
AS : Quelles sont tes principales inspirations ?
Noa : Les films d’animations, la poésie, la nuit, le tatouage, les gens.
Pour citer des artistes : Jean Michel Basquiat et Keith Haring. Ce que j’apprécie dans leur travail, c’est qu’ils dessinaient de manière spontanée et intuitive avec une esthétique presque enfantine pour revendiquer des sujets forts. Saul bass pour son génie créatif et l’idée qu’un projet doit être pensé aussi bien dans son fond que dans sa forme.
La marque Ader error : pour son choix de mettre en valeur les imperfections, les erreurs qu’il peut y avoir lors de la production de vêtements et pour son image de marque qui souhaite créer un univers unique.
AS : Quelles techniques et matériaux privilégies-tu ?
Noa : Je travaille avec une entreprise spécialisée dans l’impression numérique sur textile parce qu’elle offre une grande qualité d’impression surtout pour les illustrations en couleurs, l’encre imprègne directement les fibres du textile.
Cette technique permet de reproduire les visuels à l’identique, sans limite de couleur, ni de quantité minimum.
L’idée est de travailler avec des artisans locaux dans la région d’Ile-et-Vilaine, mettre en valeur leur savoir faire qui s’inscrit parfaitement dans la politique de la marque : proposer des produits éthiques et de qualité. Cela me permet d’être en étroite collaboration avec eux et d’assister à l’élaboration des impressions en temps réel, de pouvoir dialoguer et décider du meilleur rendu possible.
Toutes les encres utilisées sont fabriquées à base d’eau, sans solvant, ce qui permet un produit respectueux de l’environnement et suit des normes écologiques européennes.
Les produits proviennent de la marque Stanley/Stella. Elle utilise des textiles responsables et éthiques, qui préservent l’environnement. Elle est également respectueuse des conditions de travail de ses salariés.
Tous les types de textiles proposés sont en coton organique, en fibre naturelle et/ou recyclée. Ils ne contiennent pas d’OGM.
Plus récemment, j’ai commencé à travailler sur des vêtements que je chine soigneusement afin d’aller au bout de ma démarche écologique et poétique. Les pièces sont d’autant plus uniques de part leur sélection et leur design, mais aussi par leur aspect éphémère. Le vêtement n’existera que pour la personne qui aura décidé de le porter.
AS : Comment vois tu tes créations s’intégrer dans le quotidien de tes clients ?
Comme un moment de vie que les personnes décident d’emporter avec eux.
Par le choix des mots et/ou par la volonté de porter une illustration qui les a touchées et la fera vivre au travers de leur tenue.
Je vois mes créations comme un passage d’émotions, dans l’univers de la marque il y a l’irrésistible volonté de cueillir les coeurs. C’est pour cela qu’il est très émouvant de voir une de mes pièces portées avec fierté, je crois que c’est la plus belle récompense.
J’ai eu la chance de participer à plusieurs pop-up, notamment à un défilé éco-responsable et inclusif à la REcyclerie à Paris dans le 18ème arrondissement. Il est toujours enrichissant de rencontrer des personnes curieuses, passionnées par tous types de productions artistiques. C’est un moment précieux d’échanges sur la façon de porter une pièce, sur la qualité des matières, assister à la lecture de phrases qui intriguent. L’occasion d’avoir des retours directs sur ce qu’ils pensent de la marque, quels sont leurs ressentis face à cet univers qu’ils découvrent.
J’ai la chance incroyable d’être soutenu par mes proches depuis le premier jour, chaque nouvelle évolution est vécue avec émotions. D’ailleurs, les photographies ont toujours été prises en famille, dans des lieux qui rappelaient l’esthétique du vêtement et de son message. Petit à petit les amis sont venus nourrir le projet; aujourd’hui certains clients prennent le temps de créer leur propre shooting pour mettre en avant la marque. C’est trop chouette !
J’aime à me dire que la personne qui repart avec une pièce « genre? » partagera sa sensibilité, une partie d’elle même et fera peut être écho à celui qui voudra bien la voir.
J’adore observer les différentes réactions, découvrir quel sera le prochain coup de coeur, le prochain sourire, assister à la prochaine histoire.
AS : Quelles pièces incontournables doivent voir les visiteurs du MOG sur ton stand en septembre ?
Noa : Toutes aha !
Chaque pièce a été travaillée et pensée pour créer une cohérence entre les illustrations et l’histoire que raconte le vêtement dans sa globalité.
J’ai essayé de présenter différents types de produits, montrant un projet unique mais tous indissociables. Chaque phrase fait vivre une illustration, les vêtements deviennent alors une extension de l’image.
On pourra retrouver sur le stand des affiches, des stickers, bien évidemment des vêtements, des sacs puis plus récemment l’émergence d’un livre poétique/illustratif qui s’appelle « La caresse d’un refuge ». J’ai toujours été intrigué par la représentation d’un foyer, d’un chez soi, d’une bulle que l’on se construit sur mesure. Quelque chose qui nous englobe, nous émeut, nous rassure. Un lieu qui rassemble l’universel et l’infiniment personnel. Les maisons que l’on trouve, celles qui nous font vibrer. Celles pour qui l’on doit fermer la porte. Comme un passage vers d’autres choses, d’autres lieux. Celles que d’autres nous font découvrir les bras grands ouverts puis celle qu’on fini par habiter pour nous-même.
Sur le stand, il y en aura pour tous les budgets et toutes les sensibilités. J’ai hâte de vous y retrouver !
AS : «Genre? » est une marque éco responsable, comment choisis tu tes matériaux ? peux tu dire que tu te préoccupes de l’impact écologique de ton art et de sa durabilité ?
L’écologie est un sujet dont on doit évidemment se préoccuper. On le sait, l’industrie de la mode est l’une des plus polluante.
Doit-on pour autant arrêter d’être fashion ? Je ne crois pas !
Le but est de favoriser des matières de qualité, avec de beaux grammages, de belles coupes qui puissent être durables tout en étant respectueuses de l’environnement. L’idée est de consommer moins, mais mieux.
« Genre? » s’inscrit dans la continuité de mon mode de vie.
Depuis quelques années, je ne consomme plus de viande, je fais attention à la provenance des produits qu’ils soient alimentaires ou textiles.
J’aime les articles issus de la seconde main, chiner, m’approprier des pièces pour créer mon propre style. Soutenir des petits créateurs, faire vivre des marques conscientes de leur impact et proposant des produits qualitatifs et pérennes.
Il me semblait évident de retrouver toutes ces valeurs au travers de la marque « Genre? ».
Merci Noa pour ces réponses passionnantes ! N’hésitez pas à venir à sa rencontre les 14 et 15 septembre prochains à La Cité Fertile lors de notre Marché d’objets graphiques !