Le festival d’art féministe BURNING WOMXN aura lieu ce week end à La Bellevilloise, Paris. étapes : est allé à la rencontre de celles qui sont à l’origine de ce festival, 2 co-fondatrices : Marion Degorce et Marie De Lerena.
é : Comment est née l’idée du festival BURNING WOMXN ? Quel a été le point de départ de ce projet ? Y a-t-il un moment ou une expérience spécifique qui t’a inspirée à créer ce festival d’art féministe ?
Nous faisions partie du collectif des colleur.euses de Paris. Nous nous sommes retrouvés sur beaucoup de sujets : l’emploi, l’hébergement etc.. Il y avait une envie de parler d’art, nous avons alors créé un groupe WhatsApp pour pouvoir s’organiser et discuter d’art entre personnes féministes. L’idée du festival est arrivée très vite et nous avons trouvé des partenaires rapidement qui ont pu rendre l’événement possible.
Le point de départ à tout cela c’est bien sûr l’indignation ! Il n’y a pas d’exemple en particulier. Nous venons tous.tes du milieu des arts et comme dans tous les métiers, les inégalités prospèrent.
é : Qu’est-ce qui distingue BURNING WOMXN des autres festivals d’art féministe ?
Peut-être la volonté d’aller chercher des profils plus underground et indépendants dans les artistes que nous programmons. Après globalement, on est assez aligné.es avec ce qui se fait dans les milieux féministes, d’ailleurs nous travaillons souvent main dans la main avec beaucoup de festivals ou initiatives du genre.
é : Pouvez-vous nous parler des spécificités qui font que ce festival se démarque, que ce soit au niveau de la programmation, de l’ambiance ou de la philosophie ?
Il y a une vraie douceur qui émane de chaque édition ! Une fois une festivalière nous a dit que c’était un gros câlin collectif de 48 h ; je crois que c’est assez vrai ! La philosophie c’est que nous sommes assez radicales et sans concession sur l’idéologie que nous défendons, le tout dans une atmosphère de travail très bienveillante.
Au niveau de la programmation on cherche toujours à ramener de l’émergence et des petites pépites qu’on a la chance de découvrir
é : Comment définissez-vous l’art féministe et comment se manifeste-t-il dans la programmation du festival ?
Je dirais que le simple fait de s’emparer d’un médium artistique pour faire valoir son art quand on est une femme ou une personne minorisée de genre c’est déjà un projet féministe. Nous avons donc fait le choix d’exposer à la fois des profils qui suscitaient chez nous de l’intérêt artistique et aussi des profils plus militants et engagés qui sont également passionnant artistiquement.
é : Y a-t-il des courants ou des thématiques particulières que vous cherchez à mettre en avant ?
La représentation des personnes minorisées de genre ou transgenres, le bodypositivisme, l’anti-racisme, le consentement, l’écologie, sont des thèmes évoqués chaque année.
é : Quels critères avez-vous utilisés pour sélectionner les artistes et les œuvres présentées ? Comment s’est déroulé le processus de sélection, et quelles qualités recherchiez-vous chez les artistes participants ?
Nous cherchons à ce que la programmation soit inclusive, cela fait partie de nos critères de sélection. Ensuite, on essaie de trouver des artistes dont la proposition est originale, indépendante et militante, la plupart du temps.
Nous avons plusieurs personnes par pôle : une personne qui va se charger de la sélection du spectacle vivant, une autre de l’exposition, une autre des artistes et artisan.es pour la market place et une autre pour la musique. Leurs critères de sélection sont sensiblement les mêmes que ceux que j’ai cités plus haut.
é : Le festival aborde-t-il des sujets spécifiques liés à l’actualité du féminisme ? Y a-t-il des thématiques contemporaines qui ont particulièrement influencé cette édition ?
Le festival tend évidemment à suivre l’actualité féministe et militante mais reste concentré sur notre sujet principal qui est celui de l’art et de la représentation des artistes dans les différents milieux artistiques. Nous essayons de garder ce cap pour ne pas s’éparpiller, garder une cohérence et s’investir à fond dans les sujets que nous maitrisons le mieux. Nous sommes évidemment touché.e.s par tous les autres sujets qui peuvent avoir affaire au féminisme ou à toutes les luttes politiques, de genre, lgbt etc… Mais nous savons aussi que ces sujets sont traités par d’autres collectifs spécialisés. Cela permet que chacun puisse s’investir à fond dans les différentes luttes en gardant une efficacité propre à chaque spécialité.
Par ailleurs, les artistes sont évidemment libres de traiter tous les sujets qui leur tiennent à cœur… Nous sommes justement pour là pour offrir un espace de visibilité.
é : Quel est le public cible du festival ? Est-ce que BURNING WOMXN s’adresse avant tout à un public déjà sensibilisé aux questions féministes, ou cherchez-vous également à atteindre des personnes moins familières avec ces enjeux ?
Bien sûr toutes les personnes se questionnant sur ce sujet sont les bienvenu.es. Je dirais donc un peu tout le monde mais globalement ce sont des femmes ou des personnes minorisées de genre qui ont entre 18 et 40 ans. Initialement, je dirais que oui, nous cherchons aussi à atteindre des personnes moins familières avec nos enjeux et nous faisons également en sorte que la proposition artistique ouvre vers d’autres horizons.
é : Quels ont été les plus grands défis pour organiser ce festival ? Que ce soit en termes de logistique, de financement, ou de cohérence artistique, quelles ont été les principales difficultés rencontrées ?
Le fait de se constituer une équipe saine et bienveillante a pris un peu de temps, ce qui est normal dans toute entreprise. La recherche de financement évidemment mais globalement les choses se sont faites de façon fluide, un peu comme si c’était logique que ce type d’évènements émerge à Paris.
Les principales difficultés rencontrées sont les aspects financiers bien-sûr, car nous sommes encore une association fragile. Chaque billet acheté compte pour nous, c’est un soutien supplémentaire à l’organisation d’événements de notre envergure. Parallèlement, la cohérence artistique reste le plus agréable à effectuer, car il y a un million de beaux projets portés par des femmes et personnes minimisées de genre ! Nous en recevons chaque jour et découvrons vraiment de belles œuvres.
é : Quel a été le rôle des collaborations dans le développement de BURNING WOMXN ? Avez-vous travaillé avec d’autres festivals, collectifs, ou organisations féministes ? Si oui, comment ces partenariats ont-ils enrichi le projet ?
Oui, nous tentons au maximum de collaborer avec différents acteur.ices, à différentes échelles pour développer les initiatives et croiser les regards et les pratiques. Typiquement cette année, nos collaborons avec pas moins de 7 associations engagées : Barbi(e)turix, We Make Noise, Emmaüs Coup de Main, RVB, Déjà Demain, Les Gouineuses. Toutes participent au projet et à son rayonnement.
é : Quels sont vos espoirs pour l’avenir de BURNING WOMXN ? Comment envisagez-vous l’évolution du festival dans les années à venir ? Y a-t-il des aspects que vous souhaitez développer ou transformer ?
Nous espérons avant tout pérenniser le projet, et renouveler ce rendez-vous annuel. Parallèlement nous prévoyons de plus en plus de soirées « hors les murs » durant l’année. Nous espérons pouvoir également développer davantage d’actions culturelles avec des acteur.ices locaux.
é : Enfin, quel message aimeriez-vous transmettre aux personnes qui découvriront BURNING WOMXN pour la première fois ? Que devraient-elles attendre de cette expérience ?
De la découverte, l’envie de développer une pratique artistique, l’envie de développer plus de projets engagés, et de l’envie de changer les choses.
Merci aux co-fondatrices d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. La billetterie du festival vous attend.
BURNING WOMXN 🔥
Festival d’art féministe intersectionnel et inclusif
📆 21 & 22 septembre 2024
📍La Bellevilloise, Paris