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mercredi 26 mars 2025
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Flashback : nouvelle rubrique d’étapes:

Dans le numéro 275 d’étapes:, une nouvelle rubrique fait son apparition : Flashback. Elle propose de revisiter des articles marquants du magazine pour analyser leur portée aujourd’hui. Un regard sur le passé qui permet d’évaluer l’évolution des sujets abordés et d’en mesurer l’impact, tout en se projetant vers l’avenir.

Pour faire écho à cette rubrique et l’accueillir comme il se doit, nous allons nous prêter au jeu du Flashback aujourd’hui sur notre site avec un article de 2019, signé Roxane Joubert et publié dans le numéro 243.

2019 VS…

« Graphisme et écoconception, vers une perspective soutenable »

Roxane Joubert explore dans cet article la place de la communication visuelle et du design graphique dans les enjeux environnementaux contemporains. Elle souligne la responsabilité des designers dans la conception de supports plus durables, réduisant l’empreinte écologique de la production graphique.

L’auteure rappelle que l’écoconception ne se limite pas au choix de matériaux responsables, mais englobe également des considérations plus vastes sur la soutenabilité, l’impact social et la perception du design dans nos sociétés. Cette approche est mise en parallèle avec la notion d’écosophie développée par Félix Guattari, qui lie l’écologie environnementale à celle des relations sociales et de la subjectivité humaine.

Depuis les années 1960, des critiques du design consumériste et polluant se sont multipliées. Philip B. Meggs et Victor Papanek figurent parmi ceux qui ont insisté sur la nécessité pour les designers de repenser leurs pratiques en faveur d’une approche plus responsable. Pourtant, malgré les appels à un changement de paradigme, le graphisme reste encore largement soumis aux impératifs de la publicité et de la consommation.

L’article met en évidence la difficulté de définir un « graphisme soutenable » en français, contrairement aux notions anglo-saxonnes bien établies comme « sustainable graphic design ». Il évoque également les défis liés à l’impression et aux supports numériques, pointant du doigt la pollution visuelle, la surconsommation d’énergie et l’obsolescence rapide des supports électroniques.

Enfin, l’article conclut sur les efforts menés dans le domaine académique, notamment par l’ENSAD et ses recherches sur l’écoconception graphique, et souligne l’importance d’un engagement collectif pour intégrer des pratiques responsables dans la production visuelle.

… 2025

En 2019, l’écoconception graphique était encore en quête de reconnaissance dans les pratiques professionnelles. Malgré une prise de conscience croissante, le secteur du design graphique restait largement dépendant des impératifs commerciaux et du numérique, avec une forte consommation de ressources et une obsolescence accélérée des supports visuels. À l’époque, les débats portaient principalement sur la nécessité de trouver des alternatives durables à l’impression traditionnelle et sur l’impact environnemental du digital, sans solutions concrètes généralisées.

Six ans plus tard, où en est-on ?
En 2025, la question de la soutenabilité dans le design graphique n’est plus une réflexion marginale mais un sujet structurant pour l’industrie. Plusieurs tendances fortes se sont affirmées, redéfinissant les pratiques et intégrant l’écoconception comme un critère de conception incontournable.

L’impression responsable, de la théorie à la norme

Si en 2019 les imprimeurs engagés dans des démarches écoresponsables restaient une minorité, l’évolution des réglementations environnementales et la pression des consommateurs ont changé la donne. Aujourd’hui, l’utilisation d’encres végétales, de papiers recyclés ou certifiés FSC, et de procédés d’impression à faible impact énergétique est devenue la norme dans de nombreux studios et agences. L’approche cradle-to-cradle, qui vise à concevoir des objets imprimés entièrement recyclables ou biodégradables, s’est largement répandue.

Par ailleurs, les formats de communication imprimée ont évolué. Face aux critiques sur le gaspillage, les supports sont désormais pensés pour avoir une durée de vie plus longue : tirages limités mais de haute qualité, éditions conçues pour être réutilisées, encres sans solvants favorisant la décomposition naturelle du papier.

L’impact du digital : entre optimisation et sobriété

En 2019, le numérique était souvent perçu comme une alternative « verte » à l’impression, bien que son empreinte environnementale commençait à être pointée du doigt. En 2025, cette vision s’est complexifiée. L’industrie a désormais pleinement conscience du coût énergétique des infrastructures numériques, notamment des serveurs et des centres de données. Face à cela, de nouvelles pratiques ont émergé :

  • Le « low design digital » : des sites internet plus légers, avec des interfaces minimalistes réduisant leur consommation énergétique.
  • L’optimisation des formats : compression intelligente des images et des vidéos, adoption de polices économes en ressources de rendu.
  • Des hébergements web écoresponsables : de plus en plus de studios privilégient des serveurs alimentés par des énergies renouvelables et optimisent leurs infrastructures pour limiter l’impact carbone.

Dans cette optique, le design systématique visant à limiter la surconsommation visuelle a pris de l’ampleur. L’idée n’est plus de multiplier les éléments graphiques, mais d’adopter une approche fonctionnelle et épurée.

De nouvelles approches pédagogiques et professionnelles

L’évolution la plus significative entre 2019 et 2025 concerne l’éducation et la formation des designers. L’écoconception graphique est désormais un module à part entière dans les écoles de design, avec des cours dédiés aux stratégies de réduction d’impact et aux alternatives matérielles et numériques.

Les entreprises elles-mêmes, autrefois focalisées sur la rentabilité immédiate, se sont adaptées sous la pression des consommateurs et des nouvelles réglementations. Les agences et studios de design intègrent aujourd’hui systématiquement des critères écologiques dans leurs cahiers des charges, une tendance qui aurait semblé encore marginale en 2019.

IA et écoconception graphique : un paradoxe à résoudre

L’intelligence artificielle a bouleversé le secteur du design graphique en 2025. Avec des outils comme DALL·E, Midjourney et Stable Diffusion, la production visuelle est devenue plus rapide et accessible que jamais. Cependant, ces avancées posent un défi de taille : le coût énergétique du calcul algorithmique.

En 2019, l’enjeu était d’intégrer des pratiques plus responsables dans les choix graphiques ; en 2025, il faut désormais penser l’impact environnemental des technologies elles-mêmes. Certaines initiatives visent à développer des IA plus sobres, entraînées avec moins de données ou fonctionnant localement plutôt que via d’immenses serveurs gourmands en énergie.

En parallèle, certains designers reviennent à des techniques artisanales, comme la risographie ou l’impression manuelle, en réaction à cette ultra-dématérialisation.

Les métiers du design à l’ère de l’écoconception

La montée en puissance de la soutenabilité a conduit à l’émergence de nouveaux rôles dans le design graphique. En 2025, on observe notamment l’apparition de designers spécialisés en écoconception, qui conseillent les entreprises et les studios sur les bonnes pratiques en matière d’impact environnemental.

Les studios eux-mêmes repensent leurs pratiques : certaines agences ont intégré un bilan carbone des projets graphiques dans leurs prestations, et d’autres mettent en avant des labels écologiques pour certifier leurs travaux.

Un design graphique plus responsable, mais encore perfectible

Entre 2019 et 2025, le design graphique a amorcé une transformation profonde pour intégrer des pratiques plus soutenables. Bien plus qu’une simple tendance, l’écoconception s’impose à présent comme une nécessité face aux défis environnementaux. Les designers ont pris conscience de leur responsabilité dans la chaîne de production et les technologies ont évolué pour accompagner cette transition.

Mais grand nombre de défis subsisite. Le coût énergétique des solutions numériques, l’impact de l’intelligence artificielle et la persistance de la culture du renouvellement rapide sont autant de points qui nécessitent encore des adaptations. L’avenir du design graphique passera par une hybridation intelligente entre innovations technologiques et retour à des méthodes plus traditionnelles, afin de trouver un équilibre entre efficacité et durabilité.

Finalement, le graphisme en 2025 ne se limite plus à une question de style ou de tendances : il devient un outil au service d’un avenir plus responsable.

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