Nouvelle obsession visuelle sur les réseaux, le starter pack – autoportrait stylisé en figurine sous plastique, entouré d’objets-signatures – envahit les timelines. Largement générée par IA, la trend séduit par sa facilité d’exécution et son esthétique pop. Mais derrière le jeu, la polémique enfle : artistes et illustrateurs dénoncent un ersatz de création, défendent la main humaine, et pointent l’impact écologique d’une imagerie produite à la chaîne.
Sur Instagram, Reddit ou Pinterest, les « starter packs » se sont multipliés. Ironie visuelle, analyse sociologique ou simple exercice de style, ces planches d’images réunissent objets, looks, attitudes ou typographies associés à une tendance, un métier ou une personnalité type.
Nombre de ces packs ont été générés via l’intelligence artificielle. Prompts Chat GPT (ou Midjourney pour les plus aguerris) à la chaîne, personnalisation d’après photos, objets stéréotypés, esthétiques recyclées, on assiste à une standardisation visuelle à vitesse grand V. La communauté artistique n’a pas tardé à réagir : c’est le mouvement Starter Pack No AI.

Réagir à l’uniformisation visuelle
Initié par des illustrateur·rices, des designer·euses et des photographe·ses, ce mouvement vise à revaloriser les images faites main, créées avec intention (et talent). Au-delà d’une simple opposition à l’IA, c’est une réaction au « trop vu », au visuel générique, au mimétisme qui gomme les différences et les accidents créatifs.
Ces starter packs sans IA réhabilitent l’approche artisanale. À travers eux, c’est la singularité du regard humain qui est remise au centre : le choix d’un grain, d’un cadrage, d’une texture, d’une nuance imparfaite.
La fatigue des images synthétiques
À force de prompts similaires, l’esthétique IA devient prévisible. Visages trop lisses, palettes chromatiques clichées, compositions interchangeables… Ces images finissent par se ressembler. La surabondance d’images générées crée une forme de pollution visuelle, un bruit de fond où l’originalité peine à émerger.

Certaines critiques pointent aussi l’écologie : générer des images par milliers, les stocker, les diffuser, n’est pas neutre. Les outils d’IA consomment une énergie considérable, souvent ignorée dans l’enthousiasme des usages créatifs massifs. On estime par exemple qu’une seule image générée par IA, en raison de l’intensité du calcul nécessaire, peut entraîner la consommation de 1,8 à 12 litres d’eau pour assurer le refroidissement des serveurs. Alors quand ces images apparaissent par centaines voire milliers sur nos écrans, on ne peut que s’interroger sur la catastrophe écologique qu’on engendre pour quelques instants de plaisir…

Vers une esthétique réappropriée
En réponse, le mouvement Starter Pack No AI encourage une création plus réfléchie, plus lente, plus située. Il réintroduit la notion de choix, de mémoire, de lien entre le fond et la forme. Il ne s’agit pas de rejeter la technologie, mais d’interroger ses effets sur la manière dont on produit, perçoit et valorise les images.
Ce mouvement rejoint d’autres dynamiques contemporaines : slow design, sobriété numérique, photo documentaire, collage analogique, culture du zine. Un même désir traverse ces pratiques : reprendre la main sur le rythme, le sens et la texture de ce que l’on montre. Et puis prouver aussi que l’IA ne saurait remplacer l’oeil humain, le savoir faire propre aux artistes exercés et passionnés, animés par leur art.



Découvrez les créations du mouvement avec le hastag #starterpacknoai