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vendredi 25 avril 2025
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Design éditorial : du livre imprimé aux expériences numériques

Le design éditorial, loin de se limiter à la mise en page, façonne des récits, clarifie des idées et donne forme à la lecture. En 2025, il s’invente entre papier, écran, narration et production graphique, au croisement du sensible et du stratégique.

D’après un article de Léa Retif (n°275)

Le design éditorial ne se limite pas à « mettre en page » : il façonne des récits visuels, structure des flux de contenu, donne une matérialité à l’idée de lecture. En 2025, alors que l’édition graphique se redéploie sur papier comme sur écran, le design éditorial devient une grammaire hybride, à la croisée du graphisme, de l’architecture de l’information et de la narration visuelle.

étapes 275

Au cœur du numéro 275 d’étapes., Léa Retif dressait un état des lieux des industries graphiques physiques – jaspage, dorures, finitions spéciales, découpes –, autant de gestes techniques qui permettent aujourd’hui aux designers de rendre le livre tangible à l’heure du flux numérique​. Mais ce regain de l’imprimé n’est qu’une partie d’un mouvement plus large : celui d’un design éditorial repensé comme outil de lecture, de transmission, d’expérience sensible.

Le livre, encore

Loin d’avoir disparu, le livre imprimé reste une matrice essentielle pour les designers éditoriaux. Il est un espace de projection, d’invention de formats, de résistance aussi, dans un monde de scroll infini. Le design éditorial contemporain s’y exprime dans :

  • les maisons d’édition indépendantes (comme B42, Empire, Lendroit),
  • les micro-éditeurs artistiques (à l’image de Fanette Mellier ou de Super Terrain),
  • les productions étudiantes en école d’art, où chaque ouvrage devient manifeste.
Dans la Lune Fanette Mellier

C’est un terrain d’expérimentation : typographies d’auteur, structures narratives éclatées, textures tactiles, formats non standards, reliures artisanales. Le livre devient objet graphique, support narratif et archive active.

Le numérique, forcément

Mais l’édition ne s’arrête plus au papier. Le design éditorial se déploie aussi dans les interfaces web, les plateformes de contenus, les éditions numériques ou interactives. Ici, le designer n’organise plus seulement des pages, mais des flux, des hiérarchies, des relations entre typographies, médias et usages.

Il conçoit des systèmes souples, adaptatifs, souvent collaboratifs. Il travaille avec des rédacteurs, des développeurs, des journalistes. Il rend possible une lecture fluide dans l’instabilité des supports.

Les outils ont changé : InDesign cohabite avec Figma, Paged.js, Notion ou encore Webflow. La grille devient fluide, la narration devient scrollée, mais les enjeux restent les mêmes : informer, clarifier, engager.

Entre narration, politique et pédagogie

Le design éditorial contemporain investit aussi de nouveaux espaces : le design pédagogique, les supports de médiation culturelle, les objets imprimés militants, les outils de recherche. Ici, le designer structure une pensée, clarifie un propos, construit une lecture située. Il documente autant qu’il compose.

On pense aux travaux d’Atlas Studio, de Spassky Fischer, de Jochen Gerner ou d’Officeabc. Le design devient un levier de compréhension, d’appropriation, de circulation des savoirs.

Ce que cela demande

Être designer éditorial aujourd’hui, c’est maîtriser une culture typographique étendue, savoir poser une grille, mais aussi comprendre un corpus, un rythme, un lecteur. C’est articuler les dimensions formelles, narratives et techniques.

Julie Marina Lieu illustration éditoriale numérique

Cela suppose aussi une connaissance fine des outils de production : typographie variable, impression Riso, scripts de mise en page, structures CMS… Le designer éditorial 2025 est à la fois artisan et stratège.

Un design du fond, pas de la forme

Le design éditorial est peut-être, aujourd’hui, le champ du graphisme où le lien entre forme et contenu est le plus étroit. Où le designer ne travaille pas à illustrer, mais à organiser, incarner, proposer un chemin de lecture.

Ce n’est pas un design d’effet. C’est un design d’attention. Et c’est peut-être cela, aujourd’hui, le cœur d’un graphisme qui veut faire sens.

Un projet à découvrir : Que faisons nous de nos douleurs ? Poésie graphieu et projet de microédition par Emmà Landi, graphiste éditoriale et illustratrice.

Que faisons nous de nos douleurs

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