Antonin Faurel est un graphiste qu’on choisit. Chaque projet semble dessiner une nouvelle aventure : tant que fond et forme ne dialoguent pas à l’unisson, le travail se poursuit. Artisan des petites (r)évolutions graphiques, le nantais développe pour des acteurs de la région des identités visuelles uniques, et de choix.
Après un parcours en arts appliqués et un BTS Design graphique à Montaigu en Vendée, Antonin Faurel intègre l’école des Beaux-Arts de la ville. Il étudie l’art contemporain, et profite de la liberté propre aux cursus en école d’art pour développer des installations, des vidéos immersives… “Le BTS est rigoureux. L’autonomie proposée par les Beaux-Arts permet de se responsabiliser, de trouver sa propre énergie”.
Suite à l’obtention de son diplôme, Antonin décide toutefois de revenir au graphisme, pour en faire son métier. Avec peut-être quelques “trucs” de graphiste à rattraper. Le jeune homme essaie, cherche son équilibre, apprend, notamment grâce aux conseils de Vivien Le Jeune Durhin, qui deviendra par la suite l’un de ses fidèles collaborateurs.
Aujourd’hui, son travail se partage entre missions spontanées pour des agences de communication, projets récurrents ou ponctuels, et va de la conception de sites web à la composition d’affiches.
La Cantine du Voyage – quai des Antilles – Nantes, dans le cadre du Voyage à Nantes – Photos : Patricia Bassen, Adrien Selbert
La Cantine du Voyage à Nantes, service de restauration à la bonne franquette, prend en 2014 des allures de hall d’aéroport. Alors que le bar, la billetterie, et les autres espaces de la Cantine, sont lisibles de par leur fonction, Antonin Faurel et Vivien Le Jeune Durhin choisissent de raconter des histoires à travers une série de pictogrammes qui envahissent l’espace et en créent la signalétique. Associés entre eux, les panneaux, de différentes couleurs forment des drapeaux, autant de destinations de voyages à venir.
Photos : Vivien Le Jeune Durhin
Back to the 90’s. Pour la MJC la Bouvardière (Saint-Herblain, à coté de Nantes), Antonin et Vivien remettent au goût du jour une série de logos que les moins de vingt ans ne peuvent pourtant pas connaitre. Le site, conçu par le duo et développé par Waldeck Néel, se renouvelle à chaque clic. Comme les cartes de visites, il multiplie les clins d’oeil à des emblèmes de la culture populaire, en lien avec les activités proposées par la MJC : de Footix, pour le football, au Taureau Osborne, pour l’apprentissage de l’espagnol.
Photos : Germain Herriau
Benoît Bodhuin et Antonin Faurel font aussi, à l’occasion, la paire. Après plusieurs projets (VidéoBus) où le premier est à l’oeuvre pour la typographie, le second pour le graphisme, ils s’associent à nouveau pour créer une identité visuelle pour l’atelier d’architecture Belefant Daubas. Alors que Loïc Daubas et Bruno Belenfant souhaitent au départ uniquement repenser leur site, Antonin leur propose une refonte graphique élargie afin de mieux valoriser leur démarche, qui s’appuie sur des projets architecturaux pour construire du lien social à une échelle locale. Pour signifier cette idée de lien, Benoît Bodhuin a bâti une police de caractère où les bas de casse s’associent par un jeu de terminaisons graissées.
Photos : Vivien Le Jeune Durhin
Interdiction de peindre avec les pieds. Merci. Le titre énigmatique orne un livre relatant dix ans de collaboration entre l’hôpital psychiatrique St-Jacques (CHU de Nantes) et l’école des Beaux-Arts de Nantes. Peu de textes et des images de qualité relative : la mise en page, réalisée en lien avec Vivien, a un rôle essentiel dans la transmission de ce que se joue dans ces ateliers artistiques. Cette édition, comme chacune, est l’occasion de réfléchir “le fond et la forme”, tandis qu’Antonin Faurel confie qu’il aimerait développer plus de projet éditoriaux.
Si il travaille aussi sur des missions en solo, il renseigne : “les projets développés en collaboration sont ceux dont je me sens le plus fier.”
Son graphisme joue entre tendre ironie et couleurs vivaces (il cite pour inspiration le graphisme néerlandais et indique aller s’enquérir des qualités des encres directement chez l’imprimeur, ou le sérigraphe).
L’exigence qu’il s’impose nécessite un investissement personnel, qui va parfois au-delà des attentes du client. “Je ne me satisfais pas que le client soit content. Je souhaite lui proposer une aventure plus particulière.” Dans un monde de papier éphèmère, le designer rêve que quelques uns de ses objets graphiques perdurent.
Ce goût de l’image, ce non-renoncement, sans doute se sont-il esquissés dans son parcours aux Beaux-Arts. Antonin Faurel se définit plutôt comme “un graphiste auteur” et essaie donc d’avoir de réelles propositions pour ses clients, dont il apprécie la confiance donnée.
Identité visuelle pour Mojito Bay
De ce parcours artistique, reste aussi un intérêt pour le monde de l’art contemporain. Ainsi, a-t-il œuvré pour l’espace Short, une petite galerie nantaise qui exposait des artistes contemporains. Aujourd’hui, cette curation se poursuit à travers Mojito Bay. Le projet associatif invite des artistes à investir par une oeuvre inédite un lieu et un contexte précis, à Nantes ou Saint-Nazaire.
Photo de couverture : Something like U.S.A. Antonin Faurel et Jean Herpin relèvent les lieux et les espaces du territoire français qui revêtent des allures américaines.
Les sites de Belefant Daubas, Mojito Bay, ainsi que le site personnel d’Antonin Faurel ont été graphiquement conçus par ce dernier, et développés par Waldeck Néel.
Rédaction : Stéphanie Thiriet
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