En ligne depuis quelques jours, la websérie “Culte, lecteurs sous influences” raconte dans 15 épisodes animés, comment certains romans cultes ont pu changer la vie d’un lecteur, d’un groupe d’individus voire même de la société. Derrière ce chouette projet diffusé par Arte, il y a toute une petite équipe, dont l’illustratrice et réalisatrice Aurélie Pollet fait partie. Nous lui avons demandé comment synthétiser l’effet que provoque un livre en un concept visuel.
Comment avec David Brun-Lambert, vous êtes-vous retrouvés autour de ce projet de websérie ?
Avec David, nous nous connaissons depuis quelques années. Nous avions déjà travaillé ensemble sur “Pop City New York”, une collection de city guides dont la particularité est que chaque parcours se découvre à travers les pas de grands artistes ou personnalités culturelles comme Jack Kerouac, Andy Warhol ou encore Robert De Niro. Suite à ce projet, d’autres idées de collaborations ont germé dans notre esprit, dont une que David nourrissait depuis longtemps : résumer en quelques mots les grands romans cultes qui ont marqué la société.
Nous avons présenté l’idée à une boite de production, puis à Arte et de là, avons pu affiner notre angle. Aujourd’hui, la websérie raconte des histoires autour de romans cultes. Elle révèle l’impact qu’ils ont pu avoir sur un groupe de personne ou même la société entière.
En partenariat avec étapes: deux épisodes de la série :
Comment avez-vous orienté la direction artistique pour raconter ces romans sans aborder leur trame narrative ?
Les deux premières idées qui me sont venues pour traiter ce projet ont été celle de la réaction en chaîne et de la formule mathématique. Réfléchir aux éléments qui font qu’un roman devient culte revient à résoudre une équation complexe dans un ensemble cohérent. Cela m’a donc donné envie de partir sur le principe de tableau. Le fait que ces romans font écho à un patrimoine culturel collectif est un autre thème qui m’intéressait. Qu’une œuvre puisse faire penser à une autre et ainsi de suite… Toutes ces passerelles permettent de développer un univers constitué d’une multitude de références. Le tableau est en fait un patchwork de gifs animés. Ces petites animations matérialisent cette idée, elles sont comme plein de petits souvenirs uniques, mais unis par le roman.
Pour les lier et donner de la cohérence, le choix et l’ordre des illustrations répond à une suite logique. Enfin, il y a également des petits clins d’œil, puisés dans la culture commune, qui viennent se glisser dans cette suite.
D’un point de vue technique comment avez-vous procédé ?
Je travaille sur un logiciel qui permet de faire de l’animation au trait, image par image. Au niveau du processus, j’ai récupéré des extraits de films, de vidéos trouvées sur Youtube. Je les ai découpées et remontées pour créer des Gifs, puis j’ai utilisé la technique de la rotoscopie [relever image par image les contours d’une figure filmée] pour établir les bases des illustrations animées.
C’est un travail assez répétitif, qui demande jusqu’à dix jours pour monter un épisode. Heureusement, nous sommes une petite équipe. Gustavo Almenara s’occupe du compositing. Il anime le tableau en promenant la caméra d’une illustration à une autre. Toutes les typographies ont été faites par le designer graphique Michael Prigent.
Le traitement visuel peut faire penser à la méthode du scribing, de la facilitation graphique. La réalisation de cette websérie a-t-elle été inspirée par d’autres projets ?
Le principe des Gifs rotoscopés, je l’avais déjà utilisé dans le clip Moonless Night. Sinon je me suis rendue compte après, que le concept de réalisation ressemblait à la série #DATAGUEULE, dans le principe d’éléments infographiques sous forme de tableau.
Clip Moonless Night
Ce projet a-t-il vocation à avoir une suite ?
On aimerait bien oui, même en abordant d’autres médias que la littérature. On aimerait faire un projet sur des films cultes les grands hits ou des œuvres qui n’ont jamais vu le jour. Toujours à partir d’une histoire singulière.
Par Charles Loyer
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