DEMAIN, DÉJÀ. Le rendez-vous est pris depuis six ans. Montrer une sélection de projets de jeunes diplômés et entrevoir, à travers celle-ci, ce à quoi pourra ressembler le graphisme dans les années à venir. Mais quand la nouvelle génération, tout juste sortie d’écoles, s’attarde elle-même à essayer d’imaginer le futur, la dynamique se renverse. Il y a dans ses diplômes des questionnements auxquels répondre est nécessaire pour faire avancer la pratique. Si l’usage des différents supports média semble désormais intégré et appliqué, la densité et la diversité d’informations auxquelles ces multiples sources nous confrontent sont au cœur des préoccupations. Quelles données faut-il garder ? Lesquelles laisser tomber dans l’oubli ? Et comment disparaître, puisque même les morts aujourd’hui restent vivants sur Facebook. Le besoin d’un tri, d’une sélection, d’une organisation de l’information se fait sentir à travers les travaux des diplômés. La question de l’archivage subsiste, celle de la confrontation des données se mesure au regard des valeurs de ses sources. Et, finalement, comment choisir parmi tous ces possibles ? Avons-nous réellement cette liberté. Dans un texte de réflexion (p. 66), Simona Kicurovska s’interroge sur cette ère qui semble pousser les gens vers la schizophrénie. Il y a bien derrière de telles investigations la recherche d’identité, une ou multiple. Le designer se voit davantage comme un ingénieur du quotidien, un penseur qui propose des solutions pour améliorer la vie de chacun et sait – dans ce monde ou chacun veut et peut être créateur – qu’il faut parfois prendre du recul pour mieux avancer. Comme concevoir des outils pour guider l’autoproduction, à l’exemple d’Arthur Richard. Et partager, partager la création, le moment, les convictions. Inviter l’autre, oui, celui-là, celui qui ne nous ressemble pas, à venir se poser des questions avec nous pour construire ensemble, puisque seuls, dans cet univers dont nous commençons seulement à comprendre les dimensions, nous ne pouvons rien. Il y a bien ici la question de ce qu’il reste à jouer. Quel rôle pour quel avenir ?
– Par Caroline Bouige et Isabelle Moisy

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