Sur fond de crises écologique et économique, les GAFA continuent leur longue conquête du secteur numérique, quand la numérisation s’insinue chaque jour un peu plus dans notre quotidien. Si la défiance envers ces quelques mastodontes s’est accrue avec plusieurs scandales –citons l’affaire Cambridge Analytica avec la divulgation des données de millions de comptes Facebook, les soupçons d’ingérence de la Russie dans les élections américaines qui ont amené Mark Zuckerberg à s’expliquer devant le Congrès américain, ou encore l’optimisation fiscale des GAFA–, la majorité des utilisateurs y reste subordonnée.
Les innovations technologiques sont rachetées les unes après les autres par une poignée d’acteurs qui détient aussi, grâce à ses réseaux sociaux, un potentiel d’influence massif et international sur le grand public. La réalité augmentée n’échappe pas à la règle. Au-delà des potentialités d’expérimentation qu’elle offre pour les designers, il est sage d’écouter Tim Cook, le directeur général d’Apple lorsqu’il déclare que bientôt, nous ne pourrons plus nous en passer, au même titre que pour nos smartphones.
La question n’est sans doute plus de savoir s’il est vraiment nécessaire d’absorber une nouvelle révolution technologique mais bien de comprendre, s’il est impossible d’y échapper, comment ne pas en devenir esclave, et définir des usages intelligents et respectueux de tous.
Chaque année, on pose en moyenne 100000kilomètres de câbles transportant l’information dans le monde, ceci avec le financement grandissant des géants de l’Internet. Tapies sous les océans, sous des formes apparentes de gratuite et une très discutable « liberté » d’information, les autoroutes de l’information alimentent nos esprits et nos pratiques en flux continu. Mais revenons, à une échelle plus raisonnable, quelques années en arrière et sur la terre ferme…
En 2005, le gouvernement français privatisait les autoroutes du territoire. Aujourd’hui, les «gilets jaunes» sont dans la rue. N’oublions pas que les voies rapides vont parfois plus loin que ce que nos yeux nous permettent de voir.
Par Caroline Bouige
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