Partir en beauté.
«Soigne ton entrée. Soigne surtout ta sortie. Au milieu, tu te démerdes, tu chantes.»
MAURICE CHEVALIER À JEANPHILIPPE SMET, ALIAS JOHNNY
Sortie de scène, du ring, du territoire, sortie de prison, démission, sortie de la vie active, ou les pieds devant… Subie ou choisie, transitoire ou définitive, chaque sortie possède une importance particulière. Les plus mémorables s’accompagnent de processions. La remise d’un trophée, un lancer de tomates, des applaudissements, des bouquets de roses jetés sur une planche de bois… autant d’expressions pour dire «Salut et merci». La mort n’échappe pas à la règle. Ancrés dans le temps d’une civilisation, les codes rituels se diversifient à l’échelle de l’histoire de l’humanité. Avec eux, des formes, des objets… Depuis la fin du XXe siècle, les systèmes de mémoire qu’offrent notre ère numérique et l’explosion de l’intelligence artificielle modifient nos appréhensions de la finitude, quand, parallèlement, la compréhension de l’impact écologique incite à la réduction des traces matérielles, ossements humains compris. Désormais, les services funéraires proposent des voyages personnalisés à prix réduits, des réservations anticipées avec un large panel d’options. Derrière un secteur florissant (avec l’accroissement de la population, le nombre de décès ne cesse d’augmenter) et la manne financière qui l’accompagne, les considérations éthiques et culturelles sont nombreuses. Les designers capables de proposer des solutions concrètes sont encore peu nombreux. Le sujet est épineux et comporte des enjeux colossaux : appréhender la mort, répondre à la douloureuse question du deuil ou réfléchir à la trace que notre civilisation laissera sur terre. Ce n’est qu’en la regardant sans détour que nous pourrons la parer de ses plus beaux atours.
Par Caroline Bouige
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