Edito:
BIENVENUE
La chose n’est pas passée inaperçue : repérée par les blogs, relayée par les réseaux sociaux jusqu’à atteindre les médias nationaux : la typo du logo Hadopi, organisme chargé de veiller au respect du droit d’auteur, était
piratée. Le bilan est sans appel : un défaut d’image écornée aux yeux du grand public, qui confond Hadopi et son prestataire, un dépôt légal à la solidité compromise… une discipline perçue comme l’art de l’effet de manches. Parti tout seul, le coup sera à moitié rattrapé avec le remplacement à la hâte de la fonte incriminée (le Bienvenue, dessiné par Jean-François Porchez pour France Telecom) par des typos aux licences achetées le matin même. Le temps des directeurs typo est loin. Qui se souvient que Jean-François Porchez a débuté chez Dragon Rouge ?
Erreur de manipulation ou méconnaissance des usages professionnels, l’opération se fera au son d’un silence radio étourdissant de l’agence concernée, empêchant par là les médias de jouer leur rôle aussi bien que la communauté internet avait tenu le sien. Sans vouloir s’appesantir, ce silence aggrave le constat. Hadopi semble porter seule la charge du logo vicié qui lui a été livré, prise en défaut à l’endroit même de ce qui fonde son autorité. Le raté est bien là, impossible à nier, mais l’essentiel est ailleurs : l’occasion était belle de questionner les agences de communication sur leurs pratiques et sur les moyens à mettre en oeuvre pour, au contraire de ces situations embarrassées, pouvoir contribuer par le design au projet client. À commencer par apprendre à respecter la valeur des formes typographiques et visuelles sollicitées pour porter son expression visuelle. Ici, l’erreur a été de penser que la culture du design n’est rien face à la culture du sujet quand, de façon fl agrante, elles se rejoignent. C’est certain, les designers sont des auteurs au sens où l’autorité que confère la maîtrise d’une discipline ne saurait être prise en défaut.
Étienne Hervy
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