Le monde dans lequel on vit, accompagné par le développement du numérique, va vite, très vite… Parfois, perdu au milieu de cette course effrénée, un peu d’éloge à la lenteur ne fait pas de mal. Redécouvrir la richesse de notre environnement, échanger avec les autres, sont des agissements simples, qui prennent souvent leur source dans l’action locale.
À Lyon, le projet “Imprime la ville”, initié par Flavie Lab, valorise cette démarche, s’immisce dans les recoins des villes pour en garder des empreintes de tout genre. Impressions, plâtres, empreintes sonores, des traces de nos passages, aussi éphémères, que rendues éternelles par la volonté de les répertorier dans une carte interactive. Une initiative encourageante, à vocation collaborative, dont on apprend plus dans les réponses qui suivent.
Comment est né votre projet “Imprime la ville” ?
Le projet est né d’une envie de jouer avec les techniques d’impression à l’aide de textures urbaines et végétales.
La première création a été simplement le résultat de griffonnages au crayon à papier sur une feuille blanche d’un banc en bois. C’est un procédé
simple qui apporte une satisfaction immédiate.
Il y avait aussi cette envie de figer l’éphémère. Le banc empreint ne sera peut-être plus là demain, il aura été gravé à nouveau ou aura simplement vécu encore un peu plus. L’envie de garder une trace de notre quotidien.
Au départ, il s’agissait d’une empreinte par ci une empreinte par là. Différentes techniques ont été testées : l’acrylique, l’encre, l’argile, le plâtre, le brou de noix, des empreintes directes ou indirectes ainsi que plusieurs sources d’impression : les végétaux, l’écorce des arbres, le béton, les fissures, les traces de la pluie, les éclaboussures de la fontaine Bartoldi…
Quel en est son objectif ?
L’objectif du projet réside avant tout dans son procédé, sa démarche.
Il s’agit de réapprendre à prendre son temps. Occuper l’espace urbain, se laisser aller par les sollicitations du terrain et des rencontres qui y correspondent.
L’idée est aussi de créer des moments forts. Par exemple, un atelier a été réalisé avec des enfants de la rue en avril dernier et chaque enfant a pu tester la technique d’empreinte directe à l’acrylique et garder ses créations.
Il s’agit de partager cette activité de rue avec les gens qui y vivent (SDF, migrants..). L’idée est de s’approprier un environnement qui peut être hostile et bien sûr partager un moment, échanger, créer des liens autour d’un lieu de passage commun.
Comment souhaitez-vous le rendre collaboratif et quel en est son état actuel ?
Actuellement, il y a déjà trois collections (présentées lors d’une exposition en juin dernier) qui se dessinent. Les quartiers lyonnais de Croix-Rousse et de Vaise – quai de Saône ont été explorés. Il existe aussi une collection réalisée au jardin botanique du Parc de la Tête d’or (Lyon 06).
Chaque série correspond à une ou deux journées et implique des moulages en plâtre, des peintures, des citations de passants.
Prochainement nous allons intervenir dans une école primaire dans le quartier de Vaise afin de partir à la recherche d’empreintes à réaliser avec les enfants.
Chaque expérience est autonome mais forme un tout.
Que deviendront ces empreintes récoltées ? Comment le projet va-t-il évoluer ?
– Faire perdurer la dynamique du projet à travers des collaborations avec des collectivités et lieux d’accueil.
– Exposer «Imprimer la ville » à fréquence, aujourd’hui à réfléchir, en fonction de ces collaborations
– Concevoir une plateforme web avec une carte psychogéographique de Lyon et ses environs pour commencer, y insérer empreintes sonores et visuelles et que chacun puisse y uploader ses images et ses sons afin l’étoffer.
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