Talents à Suivre part à la rencontre de la jeune génération de créatifs à travers le monde et les disciplines du design graphique. Une rubrique en partenariat avec Adobe. L’interview est à retrouver en intégralité dans le n°247 d’étapes: dont le thème est Réalités Augmentées.
Inspirée par le mouvement Memphis, Laura Normand joue avec les volumes et les couleurs pour donner vie à un graphisme ludique et léger. Toujours à la recherche de nouvelles formes d’expression, elle navigue entre productions papier, créations numériques et réalité augmentée. Après un passage par Amsterdam, elle revient en France pour fonder l’Atelier Voilà, un espace de production d’affiches et d’objets graphiques.
Suivre le travail de Laura Normand
Site Internet : www.laura-normand.com
Instagram : launorma
Panorama Berlin. Conception de l’identité graphique de trois stands dans le cadre du salon Panorama Berlin.
Interviewée pour étapes en juillet 2016, vous étiez alors graphiste indépendante depuis un an. Que pouvez-vous nous raconter du chemin parcouru depuis ? Pourquoi avoir choisi de vous installer à Amsterdam ?
À cette époque, j’étais déjà freelance mais toujours en Master Design Global à l’École de Condé. Depuis, j’ai fini mon mémoire sur le graphisme augmenté et obtenu mon diplôme. Aussitôt après j’ai déménagé à Amsterdam. J’ai continué à travailler en indépendante et j’ai eu la chance de collaborer avec Marta Veludo et WINK, une agence très rock’n roll d’événementiel, qui m’a ouvert l’esprit, tant sur la façon de travailler que sur les possibilités créatives. J’ai choisi de m’installer à Amsterdam car cette ville est vraiment stimulante. L’architecture est magnifique, il y a beaucoup d’espaces vert et de points d’eau. C’était une tout autre ambiance que Paris. Je parle au passé car je suis rentrée en France depuis cet été pour réaliser d’autres projets.
Hortus Antiquum. Série de poster en sérigraphie réalisée à l’occasion de l’exposition “Tambour” au sein de l’Atelier d’Hauteville, Paris.
Bien que vous travailliez en indépendante, il vous arrive souvent de collaborer avec des studios tels que Marta Veludo. La majorité de votre travail est-il solitaire ou en équipe ?
Travailler avec d’autres designers permet d’aborder d’autres manières de faire et sortir de nos réflexes graphiques. On va plus loin. C’est ce que j’aime dans le travail de groupe. Mais la majorité du temps je travaille seule. Et comme je suis une éternelle insatisfaite qui remet toujours tout en question, ce n’est pas plus mal.
En 2016 déjà vous nous parliez de la visibilité qu’apporte Internet pour les jeunes créateurs. Qu’en pensez-vous aujourd’hui ?
Internet est un outil très important, tant pour communiquer et trouver des clients, que pour travailler et faire des recherches. Qui peut le nier aujourd’hui ? Cela m’a permis d’être contactée par des clients de divers horizons géographiques et de différents corps de métier. Il est très facile de communiquer sur Internet lorsque l’on travaille dans l’image. Nous sommes formés pour faire connaitre un projet. J’essaye de faire de même avec mes propres projets en les représentant au mieux. Au final c’est aussi la promotion qui fait l’artiste ! Le bouche à oreille reste un bon moyen de développer une clientèle. Tout miser sur Internet n’aide pas forcément à trouver une clientèle régulière et à tisser des relations de confiance. On est plus facilement recommandé par une personne avec qui l’on a travaillé dans le monde physique.
Atelier Voilà! Création pour l’Atelier Voilà! de feuilles de cuivre abstraites, modèles uniques confectionnés à la main.
Pouvez-vous nous parler de l’Atelier Voilà ? Pourquoi avez-vous décidé de le créer, qu’y produisez-vous ?
Nous sommes revenus en France avec Jean-Albert, mon compagnon au travail comme dans la vie, pour créer cet atelier. Cela nous paraissait plus simple de rentrer au bercail, là où sont nos contacts, pour se lancer dans cette aventure. Nous consacrons tout notre temps libre à cet atelier, qui, pour l’instant, est surtout expérimental. Notre but est d’avoir un espace et des outils pour produire nos propres sérigraphies et autres créations artisanales. Nous avons la satisfaction et la fierté de faire nos objets du début à la fin. C’était un réel besoin de retrousser ses manches et de se détacher de l’écran. En vivre un jour serait un rêve mais nous ne voulons pas développer cet atelier comme une entreprise, avec l’obligation de suivre des tendances et de générer du profit. Nous faisons simplement ce que nous aimons.
Atelier Voilà ! Affiche Memphis & affiche “Relica” dans le cadre de l’Atelier Voilà !
Quelles sont vos inspirations ?
Je puise principalement mon inspiration dans les mouvements Art Déco et Memphis. Je suis fan d’Ettore Sottsass, un maître de la forme et du design positif, voir thérapeutique. Mais également d’artistes plus historiques comme Auguste Herbin, un expert de la composition. Récemment j’ai découvert l’univers de l’architecte Freddy Mamani, qui m’a inspiré des formes plus complexes. Sans vouloir paraître clichée, je dirais que l’inspiration peut provenir de partout. J’essaye seulement de ne pas abuser de Pinterest, qui à mon sens est capable de tuer la créativité et l’unicité.
En haut : Actu’ Paris. Projet de diplôme autour de la réalité augmentée.
En bas : Work Less, Play More! Recherche de formes pour une série de posters expérimentaux qui s’animent en version numérique.
Quelles sont vos techniques de travail ? Vous avez récemment imaginé un projet en réalité augmentée pour Ban.do. Est-ce une technique que vous souhaitez développer ?
Je commence toujours un projet avec mon carnet de notes et de croquis. J’ai besoin de faire une liste de références, un plan et des croquis pour m’organiser. J’aime avoir un projet en tête avant de travailler sur ordinateur. Même si , une fois devant un écran, les idées se déforment et produisent souvent un tout autre résultat. Ce n’est pas facile de réaliser ses idées. C’est pour cela que la réalité augmentée me plait beaucoup. Elle s’approche plus des images de mes rêveries : des formes abstraites qui prennent vie et qui s’entremêlent avec la réalité. Comme disait Marshall McLuhan : « le médium est une extension de nos sens ». La réalité augmentée met tous nos sens en éveil. J’aimerai développer cette technique dont je ne connais sûrement qu’une infime partie.
Synergie par Laura Normand. Réalisée à partir du fond Adobe Stock.
Pouvez-vous expliquer votre interprétation du thème « Réalités augmentées » ?
Dans cette création, les formes 2D et 3D s’entremêlent pour évoquer la relation entre la réalité augmentée et notre société actuelle. Les barrières du réel sont sans cesse repoussées. Le monde numérique devient petit à petit un monde physique. La preuve en est que le monde virtuel provoque des émotions réelles. Il est palpable, il éveille nos sens, il existe bel et bien ! Il devient dur de distinguer ce que l’on peut appeler « réalité ». C’est cette troublante synergie que j’ai souhaité représenter.
Propos recueillis par Marion Bothorel
www.laura-normand.com
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